Sculptures raku

La naissance du raku

photo de sculpture raku, une tête de jeune femme, son voile émaillé blanc lui couvre la moitié du visage noir mat



Il était une fois de la terre, de l’eau, au Japon.

Le travail de la terre était élevé au rang d‘un art, et l’usage de ses objets à celui d’une cérémonie.

Une grande quantité de bois était nécessaire pour les cuissons à haute température . Les potiers inventèrent une cuisson courte mais très intense dans des petits fours. Les terres et les oxydes se comportaient différemment. Des portes s’étaient ouvertes sur une nouvelle recherche esthétique.

Il fallait faire des parois épaisses pour que la terre supporte le choc thermique de l‘interruption de la cuisson.La terre tressaillait, se fissurait.

Les objets réalisés avaient un supplément d’âme par les traces laissées par les doigts du potier, les marques , les affaissements, les irrégularités, des craquelures.
Les bruns et les noirs des oxydes vibraient, les blancs et les oranges s‘épanouissaient. Leur association dessinait des paysages inconnus par les oppositions de couleur, de lumière, de forme, de texture.
Blanc laiteux, orange doux, noir moiré, noir profond, craquelé, lisse, sophistiqué, rustique.

Les potiers recherchaient l‘harmonie dans les défauts, les singularités, les contrastes. Un univers nouveau s’ouvrait à eux.

Cette technique, ces objets traversèrent les siècles et séduisirent le monde contemporain.

Le raku fit des aller et retours entre le Japon et l’Angleterre. Il voyagea en Amérique du Nord dans les années babas et se trouva transformé par le plus grand des hasards.

Lors de l‘interruption de la cuisson, un potier vit s‘enflammer ses œuvres aussitôt posées sur sa pelouse à cause des herbes et des feuilles sèches.
Le résultat fut étonnant, les craquelures étaient noircies par la fumée et produisaient des dessins extraordinaires.

C‘est alors avec cette technique d‘enfumage que le raku s’installa en Europe puis fit le tour du monde.

… et il arriva jusqu‘à moi…

le raku et moi…

photo josiane Lorsque ma grand-mère m’a offert une boîte de gouaches pour mes 4 ans,
je suis entrée dans l’univers des couleurs et des formes. J’ai découvert le bois et la sculpture grâce à mon père, menuisier. La terre est venue plus tard, en parallèle à une carrière dans le domaine social après des études en sciences humaines. Faire surgir des formes permet d’exprimer ce qu’on trouve beau, ce qui émeut, ce qui fait peur, ce qui fait mal. Un geste, une idée vont alimenter un projet. Une histoire énigmatique, universelle et unique à la fois, va se déployer dans un dialogue muet, au fur et à mesure que la forme peu à peu s’épanouit. Ainsi, les visages, les corps qui naissent dans le modelage, viennent d’ici ou d’ailleurs. La thématique essentielle se rapporte aux femmes, je les imagine actives, combattantes, fières de leur identité, femmes du monde et de la terre. Le raku, royaume du feu et de la fumée va intensifier, modifier cette histoire car il dramatise par les craquelures, les contrastes, les brillances. Il donne un aspect fragile, malmené à la sculpture. Il met du désordre là où tout était lisse et organisé. Le satiné et le rugueux, le lisse et le crevassé, cohabitent, se répondent, se renforcent ou se heurtent. Le noir et le blanc font état de ce monde sensible et chaotique. Le noir qui prend des profondeurs, des brillances, des métallescences, me fascine et oriente actuellement mon travail sur les couleurs du noir.

sculpture tatouage la famille Canard