Il était une fois de la terre, de l’eau, au Japon.
Le travail de la terre était élevé au rang d‘un art, et l’usage de ses objets à celui d’une cérémonie.
Une grande quantité de bois était nécessaire pour les cuissons à haute température . Les potiers inventèrent une cuisson courte mais très intense dans des petits fours. Les terres et les oxydes se comportaient différemment. Des portes s’étaient ouvertes sur une nouvelle recherche esthétique.
Il fallait faire des parois épaisses pour que la terre supporte le choc thermique de l‘interruption de la cuisson.La terre tressaillait, se fissurait.
Les objets réalisés avaient un supplément d’âme par les traces laissées par les doigts du potier, les marques , les affaissements, les irrégularités, des craquelures.
Les bruns et les noirs des oxydes vibraient, les blancs et les oranges s‘épanouissaient. Leur association dessinait des paysages inconnus par les oppositions de couleur, de lumière, de forme, de texture.
Blanc laiteux, orange doux, noir moiré, noir profond, craquelé, lisse, sophistiqué, rustique.
Les potiers recherchaient l‘harmonie dans les défauts, les singularités, les contrastes. Un univers nouveau s’ouvrait à eux.
Cette technique, ces objets traversèrent les siècles et séduisirent le monde contemporain.
Le raku fit des aller et retours entre le Japon et l’Angleterre. Il voyagea en Amérique du Nord dans les années babas et se trouva transformé par le plus grand des hasards.
Lors de l‘interruption de la cuisson, un potier vit s‘enflammer ses œuvres aussitôt posées sur sa pelouse à cause des herbes et des feuilles sèches.
Le résultat fut étonnant, les craquelures étaient noircies par la fumée et produisaient des dessins extraordinaires.
C‘est alors avec cette technique d‘enfumage que le raku s’installa en Europe puis fit le tour du monde.
… et il arriva jusqu‘à moi…